Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/197

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eut joint à son noble orgueil,
En moins de quatre jours la mit dans le cercueil.
Il le vit d’un œil sec, ce cercueil desplorable ;
Il creut qu’à son triomphe il estoit honnorable ;
Et qu’il devoit offrir à son nouveau vainqueur,
Avec son cœur brulant les cendres de ce cœur.
Mais du ciel irrité la severe puissance,
Punit bien-tost son crime, et vangea l’innocence,
Par la mesme beauté dont il estoit surpris,
Car il eut moins d’amour qu’elle n’eut de mespris.
Elle le regarda comme un lasche perfide ;
Ses soins ne purent rien sur son esprit timide ;
Plus il offroit son cœur, plus on le refusoit ;
Plus il tachoit à plaire, et plus il desplaisoit ;
Et ce prince inconstant devint malgré sa peine,
L’objet de sa colere, et celuy de sa haine :
Et l’horreur de son crime alors luy fit sentir,
D’une injuste action le juste repentir.
Un rival qu’il avoit pour plaire à sa maistresse,
Que ce prince importun persecutoit sans cesse,
D’un outrage mortel luy fit rougir le front ;
Attaqua son honneur par un sanglant affront ;
Et devant la beauté qui causoit leur querelle,
Il le couvrit de honte, et s’en rit avec elle.
En suite de l’affront ils en vinrent aux mains :
Mais l’implacable sort renversant ses desseins,
Et pour rendre du ciel la vangeance parfaite,
A tant d’autres malheurs adjoustant sa deffaite,