Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/302

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Des piques et des dards, des traits et des cailloux,
Tombe confusément une gresle de coups :
Et le fer d’Alaric, par cent coups heroïques,
Frape et coupe en sifflant, et cent dards, et cent piques :
Ne trouve point d’obstacle à son prompt mouvement ;
Et ne rencontre rien qu’il ne rompe aysément.
Comme dans les forests on peut voir les tempestes,
Abattre des sapins les plus superbes testes ;
Ainsi voit-on alors parmy ces grands exploits,
Le sabre d’Alaric abattre ces longs bois.
Mais enfin se lassant de cette resistance,
A travers mille traits ce grand heros s’eslance :
On le voit haut en l’air où sa valeur l’a mis,
Et tomber comme un foudre entre les ennemis.
D’abord un si grand saut, les surprend, les estonne :
Mais n’estant secondé, ny suivy de personne,
On l’attaque ; on le presse ; et de tous les costez,
Sur son large pavois mille dards sont jettez.
Comme un chesne battu des vents et de l’orage,
Lors qu’il en est choqué se roidit davantage ;
Resiste à la tempeste ; et malgré ses efforts,
Semble sur sa racine affermir son grand corps.
Ainsi de ce heros la valeur attaquée,
Resiste d’autant plus, que plus elle est choquée :
Elle est tousjours plus ferme ; et loin de reculer,
L’effort des ennemis ne sçauroit l’esbranler.
Cependant de partout, volent soldats à terre :
On voit changer de face à la sanglante guerre :
Et l’exemple