Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/331

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Cette belle le sceut, et s’en tint obligée :
Et le destin fléchy par nostre ame affligée,
De mille vœux ardents estant solicité,
En nous rendant l’espoir luy rendit la santé.
Or les deux empereurs, et de Rome, et de Grece,
Connoissant son merite ainsi que sa richesse,
Proposerent alors chacun leur favory,
A l’illustre Probé pour estre son mary.
L’un parmy les Romains est prefect du pretoire :
Et l’autre est glorieux de plus d’une victoire :
Mais quoy que fort bien faits, et fort favorisez,
Ils furent comme nous, bannis et refusez.
Cependant leur orgueil piqué de cette offense,
Imagina contre elle une basse vangeance :
Et comme sans faveur le bon droit ne peut rien,
Un injuste procés luy fit perdre son bien.
A peine sceusmes nous ce malheur l’un et l’autre,
Que nous fusmes la voir pour luy donner le nostre :
Nous mettant à genoux pour l’en soliciter,
Sans l’obliger à rien, sinon à l’accepter.
Non, non, vostre vertu, dit-elle, est trop insigne :
Si je la contentois, je n’en serois pas digne :
Et pour la meriter, veritables Romains,
Il me suffit du cœur sans employer vos mains.
Ne vous offensez point d’un refus legitime :
Je veux plus que ce bien, car je veux vostre estime :
Un cœur comme le mien agit sans interest,
Et pour la conserver ma pauvreté me plaist.
Vous connoissez Probé ; vous connoissez sa race ;
Vous sçavez