Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/372

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Et dans le mesme instant, sur son pont dangereux
Passe legerement le guerrier genereux.
Il pousse ; on le repousse ; on le choque ; il resiste ;
Cent piques à la fois le heurtant, il subsiste ;
Mais enfin s’esbranslant, il tombe tout froissé,
Avec un bruit sonnant, dans le large fossé.
Ses gents espouvantez, descendent pesle-mesle,
Accablez qu’on les voit d’une funeste gresle :
Et le Romain superbe, et d’un ton de mespris,
Pousse alors vers le ciel, et des traits, et des cris.
La tour de Hildegrand, heureusement s’aproche ;
Mais une catapulte eslançant une roche,
Horrible en sa grandeur, la brise en mille endroits,
Et boule-verse tour et soldats à la fois.
Celle du fier Haldan, par un sort aussi triste,
S’esbransle sous les coups d’une forte baliste : (machine à lancer les javelots)
Qui la renverse enfin, avec un si grand bruit,
Qu’on diroit que la foudre est ce qui la destruit.
La tour de Theodat, des hauts murs aprochée,
Par le bout de son pont, s’y voyoit accrochée,
Lors qu’un feu devorant, tombant sur son sommet,
Arreste le succés que le Goth s’en promet.
Il s’attache ; il petille ; et parmy la fumée,
L’on voit en un instant, la machine enflamée :
Et du haut de la tour, l’on voit sauter en bas,
Pour esviter la mort, capitaine et soldats.
Mais durant ce combat, Tiburse et trois cohortes,
Pour faire une sortie, abandonnent leurs portes :