Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/408

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Les rochers apres luy, disent ce nom charmant :
Et parlent de l’amante aussi bien que l’amant.
Mais durant qu’il la cherche, on voit la beauté fiere,
Les armes à la main contre une autre guerriere :
Et le sort du combat oppose à sa fierté,
L’amazone laponne au courage indompté.
Descends, descends du char, et songe à te deffendre,
Luy dit-elle, ou mon arc t’en fera bien descendre :
Nostre sexe est esgal ; nos armes le seront ;
Et nos destins apres en determineront.
A l’orgueilleux deffy de la belle sauvage,
L’autre Pallas de Birch fait voir son grand courage :
Saute en bas de son char en ce fatal moment ;
Met la main à l’espée, et marche fierement.
La vaillante Laponne imite Amalasonthe :
Jette l’arc, prend l’espée, et paroist aussi prompte :
Et l’une et l’autre alors, fait briller en ces lieux,
Et l’esclat de son fer, et l’esclat de ses yeux.
Comme l’on voit la mer par des vagues profondes,
Du Rhosne impetueux heurter les fieres ondes ;
Arrester la fureur du fleuve diligent ;
Opposer flots à flots ; et l’argent à l’argent.
Ainsi voit-on alors ces deux belles vaillantes,
Esgales en valeur, esgalement brillantes,
Se heurter, se fraper, dans ce rude combat ;
Et se frapant, briller par un esgal esclat.
Si l’une porte un coup, l’autre aussi-tost le pare :
L’ardeur les joint de pres ; l’adresse les separe ;