Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/410

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Et des premiers discours passant à de seconds,
Il luy fait embrasser la Pallas des Lapons.
Alors de tous ses chefs, sous qui la Grece tremble,
La genereuse troupe autour de luy s’assemble :
Tout parle de triomphe ; et l’immortel heros
Regarde Amalasonthe, et luy tient ces propos.
Ce n’est pas tout de vaincre au milieu de la gloire,
Il faut sçavoir encor affermir sa victoire ;
Empescher l’ennemy de reprendre du cœur ;
De peur que le vaincu ne fust apres vainqueur.
Souffrez donc, s’il vous plaist, ô princesse adorable,
Que j’acheve de vaincre en ce jour memorable :
Que je pousse les Grecs jusques dans leurs vaisseaux ;
Et que ces bords fameux soient couverts de tombeaux.
Reposez vous au camp, sous la garde fidelle,
Du vaillant Sigeric, princesse illustre et belle :
Où dans peu je viendray suivy de ces guerriers,
Couronner vostre front de mes plus beaux lauriers.
Cét invincible Mars quitte alors sa Minerve :
Et suivy fierement de son gros de reserve,
Voyant tomber du ciel les ombres de la nuit,
Il court comme un torrent apres le Grec qui fuit.
Ce Grec espouvanté s’enfuit sans esperance :
Mais de l’extreme peur vient l’extreme asseurance :
Et l’ardeur renaissant dans leurs cœurs refroidis,
Ces timides soldats redeviennent hardis.
Pour tascher d’éviter leur entiere deffaite,
Avec un meilleur ordre, ils font cette retraitte :