Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/411

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On les voit rallier ; tourner teste à l’instant ;
Faire ferme ; et marcher apres en combatant.
Cependant le heros qui les charge et les presse,
Fait que plus d’un guerrier ne verra point la Grece ;
Et son bras redoutable aux ennemis deffaits,
Se signale en ce lieu par mille grands effets.
Il les suit ; il les pousse ; il les met en des-route ;
La brigade recule alors, mais non pas toute :
Car les plus resolus attendent le heros ;
S’opposent vaillamment à la fureur des Goths ;
Et voyant la fortune ardemment conjurée,
Courent sans s’estonner, à leur perte assurée :
Et couvrent de leurs rangs, desvoüez à la mort,
La retraite du Grec, qui n’est pas le plus fort.
Comme durant l’orage on voit la mer terrible,
Mugissante, escumante, espouventable, horrible,
Aux plus fiers matelots donner de la terreur,
Et dans leur cœur de bronze inspirer de l’horreur.
Ainsi du roy des Goths la valeur redoutable,
Au Grec espouventé paroist espouventable :
Et l’ame la plus ferme en cette occasion,
Adjouste la foiblesse à la confusion.
La nuit vient cependant, et ses noires tenebres,
Couvrent, et cent frayeurs, et cent actes celebres ;
Couvrent celuy qui frape, et ceux qui sont frapez ;
Et vainqueurs, et vaincus, en sont envelopez.
Mais au lieu reculé qui paroist le plus sombre,
Et du costé de Rome, où s’estend la grande ombre,