Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/60

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Mais son maistre l’ordonne, et ce luy sont des loix,
Que les moindres accens, de la divine voix.
Dans le plus pur de l’air, cét ange de lumiere,
Pour se faire un beau corps, prend sa belle matiere :
Et cét ouvrier adroit, qui tousjours reüssit,
L’assemble en un instant ; la presse ; et l’espaissit.
De l’or de la nuée, il fait sa chevelure ;
D’un azur pris au ciel, ses yeux ont la teinture ;
L’incarnat de l’aurore, esclatte dans son teint ;
Et de ces trois couleurs, tout son plumage est peint.
Du blanc de cette nuë, est sa tunique blanche ;
D’un pourpre ardent et vif, il est ceint sur la hanche ;
Son escharpe volante, est d’un jaune doré ;
Et rien n’est veu si beau que l’ange ainsi paré.
Tous ses traicts sont divins, et sa taille est divine ;
Son air majestueux, marque son origine ;
Et de l’esprit tout pur, l’immortelle clarté,
Brille sur ce beau corps, bien qu’il l’ait emprunté.
Alors trouvant dans l’air, une invisible voye,
Il fond en battant l’aisle, où son maistre l’envoye :
Et tel que le faucon, qui se des-robe aux yeux,
Ce divin messager semble tomber des cieux.
Au de là des confins de la mer germanique,
Birch, ville capitale, et noble comme antique,
Eslevoit ses hauts murs, artistement bastis,
Dans un froid marescage, et sur des pilotis.
Là se vit un palais, d’eternelle structure,
Qui bien qu’irregulier en son architecture,
Fut pourtant