Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/73

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Et vaincre les Romains est un si grand honneur ;
Et les assujettir est un si grand bonheur ;
Qu’il n’est ni monts, ni mers, ni campagnes, ni fleuves,
Qui de nostre valeur doive empescher les preuves :
Et pour de vrais soldats, à qui l’honneur est cher,
Plus le peril est grand, plus on le doit chercher.
Non, non, ne craignons rien, en l’estat où nous sommes :
Toute terre à des fruits ; par tout vivent les hommes :
Si nous sommes vainqueurs, rien ne nous manquera :
Si nous sommes vaincus, la mort nous sauvera.
Mais le moyen, dit-on, que la cavalerie,
Puisse jamais aller aux bords de Ligurie ?
Passons-y sans chevaux, et bien-tost nos guerriers,
De pietons qu’ils estoient, deviendront cavaliers.
Il faut aller gagner, mais à grands coups d’espée,
De ces nobles coursiers que voit Parthenopée :
Et de nos bataillons fermes et bien dressez,
Faire des escadrons de lances herissez.
Pourquoy vient-on parler de faire une retraite ?
Pourquoy suppose-t-on nostre lasche deffaite ?
Quand on verroit le ciel contre nous conjuré,
Il faut songer à vaincre, et le croire asseuré.
Que si nous perdons Rome, apres l’avoir soûmise,
Nous ne perdrons jamais la gloire de sa prise :
Et le fruit des travaux, et le prix des grands cœurs,
Consiste en un seul poinct, c’est d’estre les Vainqueurs.
Deux empereurs, dit-on, assembleront leurs forces :
Tant mieux, c’est pour le roy de nouvelles amorces :
Quiconque en un combat