Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/75

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Allons, allons à Rome, il nous est important,
Dit-il, et sur ce poinct ne contestons plus tant.
Vostre advis different, esgalement fidelle,
Par des chemins divers, me prouve vostre zele :
Mais la gloire l’emporte ; et la reyne des roys,
Faisant pancher mon cœur, il luy donne sa voix.
Comme on voit en esté les soigneuses abeilles,
Voler comme il leur plaist, sur les roses vermeilles ;
Et puis par un instinct, qui leur tient lieu de loy,
R’assembler tout l’essain à l’entour de leur roy.
Tels tous les senateurs alors se font paroistre :
Ils vont de leur advis, à l’advis de leur maistre :
Tout revient, tout se range à son opinion,
Et la diversité, se change en union.
Ces contestations estant donc achevées,
Il despesche par tout pour faire des levées :
Et ce grand conquerant, devant fendre les flots,
Ainsi qu’à des soldats, songe à des matelots.
Ses ordres sont donnez pour bastir des navires :
Et sçachant qu’il s’agit d’attaquer deux empires,
Ce prince prevoyant tasche à n’oublier rien,
Et jamais soin exact, ne fut esgal au sien.
Mais pendant qu’il travaille à former son armée,
Par tout de son dessein vole la renommée :
Tout en bruit ; tout en parle ; et dés le lendemain,
Amalasonthe aprend cét illustre dessein.
Que ne dit-elle point, sçachant cette nouvelle !
Elle accuse Alaric, et l’apelle infidelle ;