Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/113

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Les bandes de buffles y sont moins nombreuses que dans les terres plus septentrionales, probablement à cause des partis de guerre qui y rôdent sans cesse. Cependant on rencontre à chaque instant de grands troupeaux de cerfs et beaucoup de chevreuils et de moutons. Nous reconnûmes les traces des ennemis, aux carcasses d’animaux très-dangereux récemment tués, aux empreintes des pieds dans le sable, aux campements cachés, aux boucans mal éteints. Nous redoublâmes donc de vigilance pour éviter toute surprise périlleuse. Une belle capote de chef, d’un drap écarlate et galonnée, pendue à une branche d’arbre, fut aperçue de loin ; le vent la remuait comme un drapeau flottant. Il y eut une course parmi nos gens à qui s’en emparerait le premier ; un Assiniboin ayant remporté le prix, la capote fut examinée avec grand soin. On suppose qu’elle avait été offerte, la veille seulement, en sacrifice au soleil par quelque chef pied-noir. Les sauvages, dans leurs excursions de guerre, font souvent de pareilles offrandes, soit au soleil, soit à la lune ; ils espèrent, de cette manière, se rendre ces astres favorables et obtenir par leur entremise beaucoup de chevelures et de chevaux. Les objets les plus précieux qu’ils possèdent, et auxquels ils attachent le plus de prix, sont ainsi souvent sacrifiés. Les Mandans, les Arickaras surtout, et leurs voisins, vont plus loin encore ; ils se font des incisions profondes dans les parties charnues du corps, et