Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/302

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pect le saisit tout d’abord  ; il ne peut se l’expliquer. L’autel, la croix, l’image de la Vierge et des saints, les emblèmes de la foi, tout lui parlait aux yeux et déjà un peu au cœur. Le Saint des Saints qui repose dans le tabernacle et dont il ignorait le mystère, le bon Pasteur toucha secrètement l’âme de la brebis égarée et lui inspira le respect dû à la maison de Dieu. Il assista au catéchisme des enfants avec le plus grand intérêt et la plus vive attention. Les développements touchaient à des points sur lesquels Watomika avait cherché impatiemment et sincèrement à s’instruire. Il retourna chez lui plus content et étonné d’avoir trouvé dans une église catholique les lumières qu’il désirait depuis longtemps. Il eut le courage de vaincre ses préjugés et ses répugnances, et d’avoir recours à un prêtre, voire même à un Jésuite. Il lui proposa tous ses doutes, ses perplexités et ses inquiétudes. Bref, Watomika, l’enfant des forêts, digne descendant d’une illustre race américaine, abjura ses erreurs, embrassa notre sainte religion, et, quelque temps après, s’enrôla dans la milice des enfants de saint Ignace. Le cours de ses études touche à sa fin au moment où j’écris ces lignes  ; Watomika recevra bientôt les saints ordres après lesquels il aspire avec tant d’ardeur. Voilà ce qui est advenu à homme aux pieds légers. Écoutons-le maintenant exposer lui-même les idées religieuses, les traditions, les mœurs et les usages de sa tribu.