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DE L’ALLEMAGNE

tous dans des degrés différents, également voués au bien public, l’accompagnoient à l’autel, et l’église étoit remplie par les grands de l’État, les femmes, les filles et les mères des plus anciens gentilshommes de la noblesse teutonique. On n’avoit rien fait de nouveau pour la fête ; il suffisoit à sa pompe de montrer ce que chacun possédoit. Les parures même des femmes étoient héréditaires, et les diamants substitués dans chaque famille consacroient les souvenirs du passé à l’ornement de la jeunesse : les temps anciens étoient présents à tout, et l’on jouissoit d’une magnificence que les siècles avoient préparée, mais qui ne coûtoit point de nouveaux sacrifices au peuple.

Les amusements qui succédèrent à la consécration du mariage avoient presque autant de dignité que la cérémonie elle-même. Ce n’est point ainsi que les particuliers doivent donner des fêtes, mais il convient peut-être de retrouver dans tout ce que font les rois l’empreinte sévère de leur auguste destinée. Non loin de cette église, autour de laquelle les canons et les fanfares annoncoient l’alliance renouvelée de la maison d’Est avec la maison d’Habsbourg, l’on voit l’asile qui renferme depuis deux siècles les tombeaux des