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VIENNE

empereurs d’Autriche et de leur famille. C’est là, dans le caveau des capucins, que Marie-Thérèse, pendant trente années, entendoit la messe en présence même du sépulcre qu’elle avoit fait préparer pour elle à côté de son époux. Cette illustre Marie-Thérèse avoit tant souffert dans les premiers jours de sa jeunesse, que le pieux sentiment de l’instabilité de la vie ne la quitta jamais, au milieu même de ses grandeurs. Il y a beaucoup d’exemples d’une dévotion sérieuse et constante parmi les souverains de la terre ; comme ils n’obéissent qu’à la mort, son irrésistible pouvoir les frappe davantage. Les difficultés de la vie se placent entre nous et la tombe ; tout est aplani pour les rois jusqu’au terme, et cela même le rend plus visible à leurs yeux.

Les fêtes conduisent naturellement à réfléchir sur les tombeaux ; de tout temps la poésie s’est plue à rapprocher ces images, et le sort aussi est un terrible poëte qui ne les a que trop souvent réunies.