CHAPITRE XIII.
De l’Allemagne du nord.
Les premières impressions qu’on reçoit en arrivant dans le nord l’Allemagne, surtout au milieu de l’hiver, sont extrêmement tristes ; et je ne suis pas étonnée que ces impressions aient empêché la plupart des Français que l’exil a conduits dans ce pays de l’observer sans prévention. Cette frontière du Rhin est solennelle ; on craint, en la passant, de s’entendre prononcer ce mot terrible : Vous êtes hors de France. C’est en vain que l’esprit juge avec impartialité le pays qui nous a vus naître, nos affections ne s’en détachent jamais ; et quand on est contraint à le quitter, l’existence semble déracinée, on se devient comme étranger à soi-même. Les plus simples usages, comme les relations les plus intimes ; les intérêts les plus graves, comme les moindres plaisirs, tout étoit