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DE L’ALLEMAGNE

distingués de quelques-uns. Il ne s’agit pas là de succès, mais de progrès vers un but auquel tous tendent avec une même bonne foi. Les écoliers deviennent maîtres quand ils en savent plus que leurs camarades ; les maîtres redeviennent écoliers quand ils trouvent quelques imperfections dans leur méthode, et recommencent leur propre éducation pour mieux juger des difficultés de l’enseignement.

On craint assez généralement que la méthode de Pestalozzi n’étouffe l’imagination et ne s’oppose à l’originalité de l’esprit ; il est difficile qu’il y ait une éducation pour le génie, et ce n’est guère que la nature et le gouvernement qui l’inspirent ou l’excitent. Mais ce ne peut être un obstacle au génie, que des connoissances primitives parfaitement claires et sûres ; elles donnent à l’esprit un genre de fermeté qui lui rend ensuite faciles toutes les études les plus hautes. Il faut considérer l’école de Pestalozzi comme bornée jusqu’à présent à l’enfance. L’éducation qu’il donne n’est définitive que pour les gens du peuple ; mais c’est par cela même qu’elle peut exercer une influence très-salutaire sur l’esprit national. L’éducation pour les hommes riches doit être partagée en deux époques : dans la première, les enfants sont