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PRÉFACE

une preuve de l’importance qu’on attachoit à moi ; j’aurois pu répondre que je n’avois mérité

Ni cet excès d’honneur, ni cette indignité,

mais je ne me laissai point aller aux consolations données à mon amour-propre, car je savois qu’il n’est personne maintenant en France, depuis les plus grands jusqu’aux plus petits, qui ne puisse être trouvé digne d’être rendu malheureux. On me tourmenta dans tous les intérêts de ma vie, dans tous les points sensibles de mon caractère, et l’autorité condescendit a se donner la peine de me bien connoitre pour mieux me faire souffrir. Ne pouvant donc désarmer cette autorité par le simple sacrifice de mon talent, et résolue à ne lui en pas offrir le servage, je crus sentir au fond de mon cœur ce que m’auroit conseillé mon père, et je partis.

Il m’importe, je le crois, de faire connoître