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DES POÈMES ALLEMANDS

poëtes allemands qui mériteroient un éloge à part ; je me bornerai seulement à considérer, d’une manière générale, les trois écoles que j’ai déjà distinguées en indiquant la marche historique de la littérature allemande.

Wieland a imité Voltaire dans ses romans ; souvent Lucien, qui, sous le rapport philosophique, est le Voltaire de l’antiquité ; quelquefois l’Arioste, et, malheureusement aussi, Crébillon. Il a mis en vers plusieurs contes de chevalerie, Gandalin, Gérion le Courtois, Obéron, etc., dans lesquels il y a plus de sensibilité que dans l’Arioste ; mais toujours moins de grâce et de gaieté. L’allemand ne se meut pas, sur tous les sujets, avec la légèreté de l’italien ; et les plaisanteries qui conviennent à cette langue un peu surchargée de consonnes, ce sont plutôt celles qui tiennent à l’art de caractériser fortement qu’à celui d’indiquer à demi. Idris et le nouvel Amadis, sont des contes de fées dans lesquels la vertu des femmes est à chaque page l’objet de ces éternelles plaisanteries qui ont cessé d’être immorales à force d’être ennuyeuses. Les contes de chevalerie de Wieland me semblent beaucoup, meilleurs que ses poèmes imités du grec, Musarion, En-