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DE L’ALLEMAGNE

marquables en Allemagne ; ces monuments rappellent les siècles de la chevalerie. Dans presque toutes les villes les musées publics conservent des restes de ces temps-là. On diroit que les habitants du nord, vainqueurs du monde, en partant de la Germanie, y ont laissé leurs souvenirs sous diverses formes, et que le pays tout entier ressemble au séjour d’un grand peuple qui depuis long-temps l’a quitté. Il y a dans la plupart des arsenaux des villes allemandes des figures de chevaliers en bois peint, revêtus de leur armure ; le casque, le bouclier les cuissards, les éperons, tout est selon l’ancien usage, et l’on se promène au milieu de ces morts debout, dont les bras levés semblent prêts à frapper leurs adversaires, qui tiennent aussi de même leurs lances en arrêt. Cette image immobile d’actions, jadis si vives, cause une impression pénible. C’est ainsi qu’après les tremblements de terre on a trouvé des hommes engloutis qui avoient gardé pendant longtemps encore le dernier geste de leur dernière pensée.

L’architecture moderne, en Allemagne, n’offre rien qui mérite d’être cité ; mais les villes sont en général bien bâties, et les propriétaires les embellissent avec une sorte de soin plein de bon-