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DE L’ALLEMAGNE

quoique toujours avec sagesse, avoit pourtant écarté sous le règne de Manie-Thérèse ce qu’on appeloit les lumières du dix-huitième siècle. Joseph II vint ensuite, et prodigua toutes ces lumières à un État qui n’étoit préparé ni au bien ni au mal qu’elles peuvent faire. Il réussit momentanement dans ce qu’il vouloit, parce qu’il ne rencontra point en Autriche de passion vive ni pour ni contre ses désirs ; « mais après sa mort il ne resta rien de ce qu’il avoit établi[1], » parce que rien ne dure que ce qui vient progressivement.

L’industrie, le bien-vivre et les jouissances domestiques sont les intérêts principaux de l’autriche. Malgré la gloire qu’elle s’est acquise par la persévérance et la valeur de ses troupes, l’esprit militaire n’a pas vraiment pénétré dans toutes les classes de la nation. Ses armées sont pour elle comme des forteresses ambulantes, mais il n’y a guère plus d’émulation dans cette carrière que dans toutes les autres ; les officiers les plus probes sont en même temps les plus braves ; ils y ont d’autant plus de mérite, qu’il en résulte ra-

  1. Supprimé par la censure