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DE LA CONTEMPLATION DE LA NATURE.

plus profonds s’occupoient sans relâche à reconstruire le monde idéal, dont les traces avoient déjà disparu ; ils se partageoient en frères les travaux les plus sacrés ; les uns cherchoient à reproduire, par la musique, les voix de la forêt et de l’air ; les autres imprimoient l’image et le pressentiment d’une race plus noble sur la pierre et sur l’airain, changeoient les rochers en édifices et mettoient au jour les trésors cachés dans la terre. La nature civilisée par l’homme sembla répondre à ses souhaits : l’imagination de l’artiste osa l’interroger, et l’âge d’or parut renaître à l’aide de la pensée.

Il faut, pour connoître la nature, devenir un avec elle. Une vie poétique et recueillie, une âme sainte et religieuse, toute la force et toute la fleur de l’existence humaine, sont nécessaires pour la comprendre, et le véritable observateur est celui qui sait découvrir l’analogie de cette nature avec l’homme, et celle de l’homme avec le ciel.

Schubert a composé un livre sur la nature qu’on ne sauroit se lasser de lire, tant il est rempli d’idées qui excitent à la méditation ; il présente le tableau de faits nouveaux, dont l’en-