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LA RELIGION ET L’ENTHOUSIASME.

chaînement est conçu sous de nouveaux rapports. Deux idées principales restent de son ouvrage ; les Indiens croient à la métempsychose descendante, c’est-à-dire à celle qui condamne l’âme de l’homme à passer dans les animaux et dans les plantes, pour le punir d’avoir mal usé de la vie. L’on peut difficilement se figurer un système d’une plus profonde tristesse et les ouvrages des Indiens en portent la douloureuse empreinte. On croit voir partout, dans les animaux et les plantes, la pensée captive et le sentiment renfermé s’efforcer en vain de se dégager des formes grossières et muettes qui les enchaînent. Le système de Schubert est plus consolant ; il se représente la nature comme une métempsychose ascendante, dans laquelle, depuis la pierre jusqu’à l’existence humaine, il y a une promotion continuelle qui fait avancer le principe vital de degrés en degrés, jusqu’au perfectionnement le plus complet.

Schubert croit aussi qu’il a existé des époques où l’homme avoit un sentiment si vif et si délicat des phénomènes existants, qu’il devinoit par ses propres impressions les secrets les plus cachés de la nature. Ces facultés primitives se sont émoussées, et c’est souvent l’irritabilité mala-