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CONSIDÉRATIONS

développement des facultés de tous les hommes, n’y étoient point garantis. La Hollande, devenue république plus tard, se rapprocha des véritables principes de l’ordre social : elle dut cet avance, en particulier, à la réforme religieuse. La période des affranchissemens partiels telle que je viens de l’indiquer, ne se fait plus remarquer clairement que dans les villes libres et dans les républiques qui ont subsisté jusqu’à nos jours. Aussi ne devroit-on admettre dans l’histoire des grands états modernes que trois époques tout-à-fait distinctes la féodalité, le despotisme, et le gouvernement représentatif.

Depuis environ cinq siècles, l’indépendance et les lumières ont agi dans tous les sens, et presque au hasard ; mais la puissance royale s’est constamment accrue par diverses causes et par divers moyens. Les rois, ayant souvent à redouter l’arrogance des grands, cherchèrent contre eux l’alliance des peuples. Les troupes réglées rendirent l’assistance des nobles moins nécessaire ; le besoin des impôts au contraire, força les souverains à recourir au tiers état ; et, pour en obtenir des tributs directs, il fallut qu’ils le dégageassent plus ou moins de l’influence des seigneurs. La renaissance des let-