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Page:De Staël – La Révolution française, Tome I.djvu/39

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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇOISE

l’état, Condé, Coligny, Rohan, Lesdiguières professèrent la foi évangélique. Les Espagnols, guidés par l’infernal génie de Philippe II, soutinrent la Ligue en France, conjointement avec Catherine de Médicis. Une femme de son caractère devoit souhaiter le pouvoir sans bornes, et Philippe II vouloit faire de sa fille une reine de France, au préjudice de Henri IV. On voit que le despotisme ne respecte pas toujours la légitimité. Les parlemens ont refusé cent édits royaux de 1562 à 1589. Néanmoins, le chancelier de l’Hôpital trouva plus d’appui pour la tolérance religieuse dans les états généraux qu’il put rassembler, que dans le parlement. Ce corps de magistrature, très-bon pour maintenir les anciennes lois, comme sont tous les corps, ne participoit pas aux lumières du temps. Des députés élus par la nation peuvent seuls s’associer à ses besoins et à ses désirs, selon chaque époque.

Henri IV fut long-temps le chef des réformés ; mais il se vit enfin forcé de céder à l’opinion dominante, bien qu’elle fût celle de ses adversaires. Toutefois il montra tant de sagesse et de magnanimité pendant son règne, que le souvenir de ce peu d’années est plus récent encore pour les cœurs françois, que celui même