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Page:De Staël - Corinne ou l'Italie, Tome I, 1807.djvu/134

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CORINNE OU L’ITALIE

soit dans l’avenir ; et quand on sort de son enceinte, il semble qu’on passe des pensées célestes aux intérêts du monde, et de l’éternité religieuse à l’air léger du temps. —

Corinne fit remarquer à lord Nelvil, lorsqu’ils furent hors de l’église, que sur ses portes étaient représentées en bas-reliefs les métamorphoses d’Ovide. — On ne se scandalise point à Rome, lui dit-elle, des images du paganisme, quand les beaux arts les ont consacrées. Les merveilles du génie portent toujours à l’ame une impression religieuse, et nous faisons hommage au culte chrétien de tous les chefs-d’oeuvre que les autres cultes ont inspirés. — Oswald sourit à cette explication. — Croyez-moi, mylord, continua Corinne, il y a beaucoup de bonne foi dans les sentimens des nations dont l’imagination est très vive. Mais à demain, si vous le voulez, je vous mènerai au Capitole. J’ai, je l’espère, plusieurs courses à vous proposer encore : quand elles seront finies, est-ce que vous partirez ? est-ce que…… Elle s’arrêta, craignant d’en avoir déjà trop dit. — Non, Corinne, reprit Oswald, non, je ne renoncerai point à cet éclair de bonheur, que peut-être un ange tutélaire fait luire sur moi du haut du ciel. —