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CORINNE OU L’ITALIE.

On passe, pour aller à la voie Appienne, par la porte St.-Sébastien, autrefois appelée Capene. Cicéron dit qu’en sortant par cette porte les tombeaux qu’on aperçoit les premiers sont ceux des Métellus, des Scipions et des Servilius. Le tombeau de la famille des Scipions a été trouvé dans ces lieux mêmes, et transporté depuis au Vatican. C’est presqu’un sacrilège de déplacer les cendres, d’altérer les ruines : l’imagination tient de plus près qu’on ne croit à la morale ; il ne faut pas l’offenser. Parmi tant de tombeaux qui frappent les regards, on place des noms au hasard, sans pouvoir être assuré de ce qu’on suppose ; mais cette incertitude même inspire une émotion qui ne permet de voir avec indifférence aucun de ces monumens. Il en est dans lesquels des maisons de paysans sont pratiquées ; car les Romains consacraient un grand espace et des édifices assez vastes à l’urne funéraire de leurs amis ou de leurs concitoyens illustres. Ils n’avaient pas cet aride principe d’utilité qui fertilise quelques coins de terre de plus, en frappant de stérilité le vaste domaine du sentiment et de la pensée.

On voit, à quelque distance de la voie Appienne, un temple élevé par la république à l’Honneur et à la Vertu ; un autre au Dieu qui a