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CORINNE OU L’ITALIE

profondément Corinne, et se levant aussitôt les yeux remplis de larmes, elle sortit de la chambre et retourna subitement chez elle. Oswald fut au désespoir d’avoir offensé Corinne ; mais il avait une sorte d’irritation de ses succès du bal qui s’était trahie par les paroles qui venaient de lui échapper. Il la suivit chez elle, mais elle refusa de lui parler. Il y retourna le lendemain matin encore inutilement, sa porte était fermée. Ce refus prolongé de recevoir lord Nelvil n’était pas dans le caractère de Corinne, mais elle était douloureusement affligée de l’opinion qu’il avait témoignée sur les Italiennes, et cette opinion même lui faisait une loi de cacher à l’avenir, si elle le pouvait, le sentiment qui l’entraînait.

Oswald de son côté trouvait que Corinne ne se conduisait pas dans cette circonstance avec la simplicité qui lui était naturelle, et il se confirmait toujours plus dans le mécontentement que le bal lui avait causé, il excitait en lui cette disposition qui pouvait lutter contre le sentiment dont il redoutait l’empire. Ses principes étaient sévères, et le mystère qui enveloppait la vie passée de celle qu’il aimait lui causait une grande douleur. Les manières de Corinne lui paraissaient pleines de charmes, mais quelquefois un peu