Page:De Staël - Corinne ou l'Italie, Tome I, 1807.djvu/216

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
212
CORINNE OU L’ITALIE

une magicienne qui inquiétez et rassurez alternativement ; qui vous montrez sublime et disparaissez tout à coup de cette région où vous êtes seule, pour vous confondre dans la foule, Corinne, Corinne, on ne peut s’empêcher de vous redouter en vous aimant ! »

Oswald.

Corinne, en lisant cette lettre fut offensée des préjugés haineux qu’Oswald exprimait contre sa nation. Mais elle eut cependant le bonheur de deviner qu’il était irrité de la fête et de ce qu’elle s’était refusée à le recevoir depuis la conversation du souper ; cette réflexion adoucit un peu l’impression pénible que lui faisait sa lettre. Elle hésita quelque temps, ou du moins crut hésiter sur la conduite qu’elle devait tenir envers lui. Son sentiment l’entraînait à le revoir, mais il lui était extrêmement pénible qu’il pût s’imaginer qu’elle désirait de l’épouser, bien que leur fortune fût au moins égale et qu’elle pût, en révélant son nom, montrer qu’il n’était en rien inférieur à celui de lord Nelvil. Néanmoins, ce qu’il y avait de singulier et d’indépendant dans le genre de vie qu’elle avait adopté devait lui inspirer de l’éloignement pour le mariage ; et sûrement elle en aurait repoussé l’idée, si son sentiment ne l’eût pas aveuglée sur