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Page:De Staël - Corinne ou l'Italie, Tome I, 1807.djvu/217

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CORINNE OU L’ITALIE

toutes les peines qu’elle aurait à souffrir en épousant un Anglais et en renonçant à l’Italie.

On peut abdiquer la fierté dans tout ce qui tient au cœur, mais dès que les convenances ou les intérêts du monde se présentent de quelque manière pour obstacle, dès qu’on peut supposer que la personne qu’on aime ferait un sacrifice quelconque en s’unissant à vous, il n’est plus possible de lui montrer à cet égard aucun abandon de sentiment. Corinne néanmoins, ne pouvant se résoudre à rompre avec Oswald, voulut se persuader qu’elle pourrait le voir désormais et lui cacher l’amour qu’elle ressentait pour lui ; c’est donc dans cette intention qu’elle se fit une loi dans sa lettre de répondre seulement à ses accusations injustes contre la nation italienne, et de raisonner avec lui sur ce sujet comme si c’était le seul qui l’intéressât. Peut-être la meilleure manière dont une femme d’un esprit supérieur peut reprendre sa froideur et sa dignité, c’est lorsqu’elle se retranche dans la pensée comme dans un asile.

Corinne, à lord Nelvil.
Ce 25 janvier 1795.

« Si votre lettre ne concernait que moi, Mylord, je n’essaierais point de me justifier :