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CORINNE OU L’ITALIE


CHAPITRE II


VOUS m’avouerez au moins, reprit le comte d’Erfeuil, qu’il est un rapport sous lequel nous n’avons rien à apprendre de personne. Notre théâtre est décidément le premier de l’Europe ; car je ne pense pas que les Anglais eux-mêmes imaginassent de nous opposer Shakespeare. — Je vous demande pardon, interrompit M. Edgermond ; ils l’imaginent. — Et, ce mot dit, il rentra dans le silence. — Alors je n’ai rien à dire continua le comte d’Erfeuil, avec un sourire qui exprimait un dédain gracieux, chacun peut penser ce qu’il veut ; mais enfin je persiste à croire qu’on peut affirmer sans présomption que nous sommes les premiers dans l’art dramatique ; et quant aux Italiens, s’il m’est permis de parler franchement, ils ne se doutent seulement pas qu’il y ait un art dramatique dans le monde. La musique est tout chez eux, et la pièce n’est rien Si le second acte d’une pièce a une meilleure musique que le premier, ils commencent par la