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CORINNE OU L’ITALIE

et de puissance pour résister aux préjugés qui la dévorent. L’autorité des gouvernemens réprime souvent ailleurs l’élan individuel. En Italie cette autorité serait un bien, si elle luttait contre l’ignorance des états séparés et des hommes isolés entre eux, si elle combattait par l’émulation l’indolence naturelle au climat, enfin si elle donnait une vie à toute cette nation qui se contente d’un rêve.

Ces diverses idées et plusieurs autres encore furent spirituellement développées par Corinne. Elle entendait aussi très-bien l’art rapide des entretiens légers qui n’insistent sur rien, et l’occupation de plaire qui fait valoir chacun à son tour, quoiqu’elle s’abandonnât souvent dans la conversation au genre de talent qui la rendait une improvisatrice célèbre. Plusieurs fois elle pria le prince Castel-Forte de venir à son secours en faisant connaître ses propres opinions sur le même sujet, mais elle parlait si bien, que tous les auditeurs se plaisaient à l’écouter et ne supportaient pas qu’on l’interrompît. M. Edgermond surtout ne pouvait se rassasier de voir et d’entendre Corinne, il osait à peine lui exprimer le sentiment d’admiration qu’elle lui inspirait, et prononçait tout