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Page:De Staël - Corinne ou l'Italie, Tome I, 1807.djvu/269

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CORINNE OU L’ITALIE

mandaient. Il les entendit ; et comme il était tout à la fois touché de la timidité qui l’avait empêchée la veille d’improviser, et ambitieux pour elle du suffrage de M. Edgermond, il se joignit aux sollicitations de ses amis. Corinne alors n’hésita plus. — Hé bien, dit-elle en se retournant vers le prince Castel-Forte, nous accomplirons donc, si vous le voulez, le projet que j’avais formé depuis long-temps, de jouer la traduction que j’ai faite de Roméo et Juliette. — Roméo et Juliette de Shakespeare, s’écria M. Edgermond ? vous savez donc l’anglais ? — Oui, répondit Corinne. — Et vous aimez Shakespeare, dit encore M. Edgermond ? — Comme un ami, reprit-elle, puisqu’il connaît tous les secrets de la douleur. — Et vous le jouerez en italien, s’écria M. Edgermond, et je l’entendrai ! et vous aussi, mon cher Nelvil ! ah ! que vous êtes heureux ! — Puis se repentant à l’instant de cette parole indiscrète, il rougit ; et la rougeur inspirée par la délicatesse et la bonté peut intéresser à tous les âges. — Que nous serons heureux, reprit-il avec embarras, si nous assistons à un tel spectacle ! —