TOUT fut arrangé en peu de jours, les rôles
distribués, et la soirée choisie pour la représentation
dans un palais que possédait une parente
du prince Castel-Forte, amie de Corinne. Oswald
avait un mélange d’inquiétude et de plaisir
à l’approche de ce nouveau succès ; il en jouissait
par avance ; mais par avance aussi il était jaloux,
non de tel homme en particulier, mais du
public, témoin des talens de celle qu’il aimait ;
il eût voulu connaître seul ce qu’elle avait d’esprit
et de charmes ; il eût voulu que Corinne,
timide et réservée comme une Anglaise, possédât
cependant pour lui seul son éloquence et
son génie. Quelque distingué que soit un homme,
peut-être ne jouit-il jamais sans mélange de la
supériorité d’une femme ; s’il l’aime, son cœur
s’en inquiète ; s’il ne l’aime pas, son amour-propre
s’en offense. Oswald près de Corinne
était plus enivré qu’heureux, et l’admiration
qu’elle lui inspirait augmentait son amour, sans