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CORINNE OU L’ITALIE

pétait Roméo, Roméo, bien qu’Oswald fût certain que c’était à lui qu’elle pensait, il se sentait jaloux des accens délicieux qui faisaient retentir un autre nom dans les airs. Oswald se trouvait placé en face du balcon, et celui qui jouait Roméo étant un peu caché par l’obscurité, tous les regards de Corinne purent tomber sur Oswald lorsqu’elle dit ces vers ravissans :


« In truth, fair Montague, I am too fond ;
And therefore thou may’st think my haviour light :
But trust me, gentleman, I’ll prove more true,
Than those that have more cunning to be strange
........therefore pardon me ; »

« Il est vrai, beau Montague, je me suis montrée trop passionnée, et tu pourrais penser que ma conduite a été légère ; mais crois-moi, noble Roméo, tu me trouveras plus fidèle que celles qui ont plus d’art pour cacher ce qu’elles éprouvent ; ainsi donc pardonne-moi ».

À ce mot : — pardonne-moi ! pardonne-moi d’aimer pardonne-moi de te l’avoir laissé connaître ! — il y avait dans le regard de Corinne une prière si tendre : tant de respect pour son amant,