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CORINNE OU L’ITALIE


CHAPITRE II


LE désir de connaître et d’étudier la religion d’Italie décida lord Nelvil à chercher l’occasion d’entendre quelques-uns des prédicateurs qui font retentir les églises de Rome pendant le carême. Il comptait les jours qui devaient le réunir à Corinne ; et tant que durait son absence il ne voulait rien voir qui pût appartenir aux beaux arts, rien qui reçût son charme de l’imagination. Il ne pouvait supporter l’émotion de plaisir que donnent les chefs-d’œuvre, quand il n’était pas avec Corinne ; il ne se pardonnait le bonheur que lorsqu’il venait d’elle ; la poésie, la peinture, la musique, tout ce qui embellit la vie par de vagues espérances lui faisait mal partout ailleurs qu’à ses côtés.

C’est le soir, et avec les lumières presque éteintes, que les prédicateurs à Rome se font entendre pendant la semaine sainte dans les églises. Toutes les femmes alors sont vêtues de