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CORINNE OU L’ITALIE

tage des pays où les objets extérieurs excitent moins l’intérêt.

Il vanta la grâce et la gaîté de Corinne, cette gaîté qui ne tenait en rien à la moquerie, mais seulement à la vivacité de l’esprit, à la fraîcheur de l’imagination : il essaya de louer sa sensibilité ; mais on pouvait aisément deviner qu’un regret personnel se mêlait à ce qu’il en disait. Il se plaignit de la difficulté qu’éprouvait une femme supérieure à rencontrer l’objet dont elle s’est fait une image idéale, une image revêtue de tous les dons que le cœur et le génie peuvent souhaiter. Il se complut cependant à peindre la sensibilité passionnée qui inspirait la poésie de Corinne et l’art qu’elle avait de saisir des rapports touchans entre les beautés de la nature et les impressions les plus intimes de l’ame. Il releva l’originalité des expressions de Corinne, de ces expressions qui naissaient toutes de son caractère et de sa manière de sentir, sans que jamais aucune nuance d’affectation pût altérer un genre de charme non-seulement naturel, mais involontaire.

Il parla de son éloquence comme d’une force toute-puissante qui devait d’autant plus entraîner ceux qui l’écoutaient, qu’ils avaient en eux-mêmes plus d’esprit et de sensibilité véri-