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CORINNE OU L’ITALIE

tables. « Corinne, dit-il, est sans doute la femme la plus célèbre de notre pays, et cependant ses amis seuls peuvent la peindre ; car les qualités de l’ame, quand elles sont vraies, ont toujours besoin d’être devinées : l’éclat aussi-bien que l’obscurité peut empêcher de les reconnaître, si quelque sympathie n’aide pas à les pénétrer. » Il s’étendit sur son talent d’improviser, qui ne ressemblait en rien à ce qu’on est convenu d’appeler de ce nom en Italie. « Ce n’est pas seulement, continua-t-il, à la fécondité de son esprit qu’il faut l’attribuer, mais à l’émotion profonde qu’excitent en elle toutes les pensées généreuses ; elle ne peut prononcer un mot qui les rappelle, sans que l’inépuisable source des sentimens et des idées, l’enthousiasme, ne l’anime et ne l’inspire. » Le prince de Castel-Forte fit sentir aussi le charme d’un style toujours pur, toujours harmonieux. « La poésie de Corinne, ajouta-t-il, est une mélodie intellectuelle qui seule peut exprimer le charme des impressions les plus fugitives et les plus délicates. »

Il vanta l’entretien de Corinne : on sentait qu’il en avait goûté les délices. « L’imagination et la simplicité, la justesse et l’exaltation, la force et la douceur se réunissent, disait-il,