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CORINNE OU L’ITALIE

dans une même personne, pour varier à chaque instant tous les plaisirs de l’esprit on peut lui appliquer ce charmant vers de Pétrarque :

Il parlar che nell’anima si sente[1];


et je lui crois quelque chose de cette grâce tant vantée, de ce charme oriental que les anciens attribuaient à Cléopâtre. »

« Les lieux que j’ai parcourus avec elle, ajouta le prince Castel-Forte, la musique que nous avons entendue ensemble, les tableaux qu’elle m’a fait voir, les livres qu’elle m’a fait comprendre, composent l’univers de mon imagination. Il y a dans tous ces objets une étincelle de sa vie ; et s’il me fallait exister loin d’elle, je voudrais au moins m’en entourer, certain que je serais de ne retrouver nulle part cette trace de feu, cette trace d’elle enfin qu’elle y a laissée. Oui, continua-t-il (et dans ce moment ses yeux tombèrent par hasard sur Oswald), voyez Corinne, si vous pouvez passer votre vie avec elle, si cette double existence qu’elle vous donnera peut vous être long-temps assurée ; mais ne la voyez pas, si

  1. Le langage qu’on sent au fond de l’ame