LE sénateur prit la couronne de myrte et de
laurier qu’il devait placer sur la tête de Corinne.
Elle détacha le schall qui entourait son
front, et tous ses cheveux, d’un noir d’ébène,
tombèrent en boucles sur ses épaules. Elle s’avança
la tête nue, le regard animé par un sentiment
de plaisir et de reconnaissance qu’elle ne
cherchait point à dissimuler. Elle se remit une
seconde fois à genoux pour recevoir la couronne,
mais elle paraissait moins troublée et moins tremblante
que la première fois ; elle venait de parler,
elle venait de remplir son ame des plus nobles
pensées, l’enthousiasme l’emportait sur la timidité.
Ce n’était plus une femme craintive, mais
une prêtresse inspirée qui se consacrait avec joie
au culte du génie.
Quand la couronne fut placée sur la tête de Corinne, tous les instrumens se firent entendre, et jouèrent ces airs triomphans qui exaltent l’ame d’une manière si puissante et si sublime. Le