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Page:De Staël - Corinne ou l'Italie, Tome I, 1807.djvu/91

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CORINNE OU L’ITALIE


CHAPITRE III


OSWALD arriva le soir chez Corinne avec un sentiment tout nouveau ; il pensa qu’il était peut-être attendu. Quel enchantement que cette première lueur d’intelligence avec ce qu’on aime ! Avant que le souvenir entre en partage avec l’espérance, avant que les paroles aient exprimé les sentimens, avant que l’éloquence ait su peindre ce que l’on éprouve, il y a dans ces premiers instans je ne sais quel vague, je ne sais quel mystère d’imagination, plus passager que le bonheur même, mais plus céleste encore que lui.

Oswald, en entrant dans la chambre de Corinne, se sentit plus timide que jamais. Il vit qu’elle était seule, et il en éprouva presque de la peine ; il aurait voulu l’observer long-temps au milieu du monde ; il aurait souhaité d’être assuré, de quelque manière, de sa préférence, au lieu de se trouver tout à coup engagé dans un entretien qui pouvait refroidir Corinne à son