OSWALD arriva le soir chez Corinne avec un
sentiment tout nouveau ; il pensa qu’il était
peut-être attendu. Quel enchantement que cette
première lueur d’intelligence avec ce qu’on aime !
Avant que le souvenir entre en partage avec
l’espérance, avant que les paroles aient exprimé
les sentimens, avant que l’éloquence ait su peindre
ce que l’on éprouve, il y a dans ces premiers
instans je ne sais quel vague, je ne sais quel mystère
d’imagination, plus passager que le bonheur
même, mais plus céleste encore que lui.
Oswald, en entrant dans la chambre de Corinne, se sentit plus timide que jamais. Il vit qu’elle était seule, et il en éprouva presque de la peine ; il aurait voulu l’observer long-temps au milieu du monde ; il aurait souhaité d’être assuré, de quelque manière, de sa préférence, au lieu de se trouver tout à coup engagé dans un entretien qui pouvait refroidir Corinne à son