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CORINNE OU L’ITALIE.

Les voitures qui devaient conduire la société que Corinne avait invitée, arrivèrent à la fin du jour, au moment où le vent de mer s’élève, et, rafraîchissant l’air, permet à l’homme de contempler la nature. La première station de la promenade fut au tombeau de Virgile. Corinne et sa société s’y arrêtèrent avant de traverser la grotte de Pausilipe. Ce tombeau est placé dans le plus beau site du monde ; le golfe de Naples lui sert de perspective. Il y a tant de repos et de magnificence dans cet aspect, qu’on est tenté de croire que c’est Virgile lui-même qui l’a choisi, ce simple vers des Géorgiques aurait pu servir d’épitaphe :

Illo Virgilium me iempore dulcis alebat
Parthenope[1].

ses cendres y reposent encore, et la mémoire de son nom attire dans ce lieu les hommages de l’univers. C’est tout ce que l’homme, sur cette terre, peut arracher à la mort.

Pétrarque a planté un laurier sur ce tombeau, et Pétrarque n’est plus et le laurier se meurt. La foule des étrangers qui sont venus honorer la mémoire de Virgile ont écrit leurs noms sur

  1. Dans ce temps-là, la douce Parthenope m’accueillait.