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CORINNE OU L’ITALIE.

propres yeux le charme d’un caractère et d’un esprit parfaitement naturels ! Il n’y a que l’affectation qui puisse donner lieu à ces réveils subits du cœur, étonné d’avoir aimé.

Il existait d’ailleurs, entre Oswald et Corinne, une sympathie singulière et toute puissante, leurs goûts n’étaient point les mêmes, leurs opinions s’accordaient rarement, et, dans le fond de leur ame néanmoins, il y avait des mystères semblables, des émotions puisées à la même source, enfin je ne sais quelle ressemblance secrète qui supposait une même nature, bien que toutes les circonstances extérieures l’eussent modifiée différemment. Corinne s’aperçut donc, et ce fut avec effroi, qu’elle avait encore augmenté son sentiment pour Oswald, en l’observant de nouveau, en le jugeant en détail, en luttant vivement contre l’impression qu’il lui faisait.

Elle offrit au prince Castel-Forte de revenir à Rome ensemble ; et lord Nelvil sentit qu’elle voulait éviter ainsi d’être seule avec lui, il en eut de la tristesse, mais il ne s’y opposa pas, il ne savait plus si ce qu’il pouvait taire pour Corinne suffirait à son bonheur, et cette pensée le rendait timide. Corinne cependant aurait voulu qu’il refusât le prince Castel-Forte pour compagnon de voyage, mais elle ne