LIVRE XVII.
CORINNE, pendant ce temps, s’était établie
près de Venise dans une campagne sur le bord
de la Brenta ; elle voulait rester dans les lieux
où elle avait vu Oswald pour la dernière fois, et
d’ailleurs elle se croyait là plus près qu’à Rome
des lettres d’Angleterre. Le prince Castel-Forte
lui avait écrit pour lui offrir de venir la voir, et
elle s’y était refusée. L’amitié qui régnait entre
eux commandait la confiance, et s’il avait essayé
de la détacher d’Oswald, s’il lui avait dit ce qui
se dit, c’est que l’absence doit refroidir le sentiment,
un tel mot prononcé sans réflexion eût
été pour Corinne comme un coup de poignard ;
elle aima donc mieux ne voir personne. Mais ce
n’est pas une chose facile que de vivre seule,
quand l’ame est ardente et la situation malheu-