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CORINNE OU L’ITALIE.

Ils traversèrent les Apennins, et trouvèrent par delà le beau climat d’Italie. Le vent de mer, qui est si étouffant pendant l’été, répandait alors une douce chaleur ; les gazons étaient verts ; l’automne finissait à peine, et déjà le printemps semblait s’annoncer. On voyait dans les marchés des fruits de toute espèce, des oranges, des grenades. Le langage toscan commençait à se faire entendre ; enfin tous les souvenirs de la belle Italie rentraient dans l’ame d’Oswald, mais aucune espérance ne venait s’y mêler : il n’y avait que du passé dans toutes ses impressions. L’air suave du midi agissait aussi sur la disposition de Lucile : elle eût été plus confiante, plus animée, si lord Nelvil l’eut encouragée ; mais ils étaient tous les deux retenus par une timidité pareille, inquiets de leur disposition mutuelle, et n’osant se communiquer ce qui les occupait. Corinne, dans une telle situation, eût bien vite obtenu le secret d’Oswald comme celui de Lucile ; mais ils avaient l’un et l’autre le même genre de réserve, et plus ils se ressemblaient à cet égard, plus il était difficile qu’ils sortissent de la situation contrainte où ils se trouvaient.