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CORINNE OU L’ITALIE.

de tristesse m’ait replongé dans cette maladie dont vos soins, Corinne, m’avaient autrefois tiré ; si je suis venu en Italie, non pas pour me guérir, vous ne croyez pas que j’aime la vie, mais pour vous dire adieu si je mourais, refuserez-vous de me voir une fois, une seule fois ? Je le souhaite, parce que je crois que je vous ferais du bien. Ce n’est pas ma propre souffrance qui me détermine. Qu’importe que je sois bien misérable ! Qu’importe qu’un poids affreux pèse à jamais sur mon cœur, si je m’en vais d’ici sans vous avoir parlé, sans avoir obtenu de vous mon pardon. Il faut que je sois malheureux, et certainement je le serai. Mais il me semble que votre cœur serait soulagé si vous pouviez penser à moi comme à votre ami, si vous aviez vu combien vous m’êtes chère, si vous l’aviez senti par ces regards, par cet accent d’Oswald, de ce criminel dont le sort est plus changé que le cœur.

Je respecte mes liens, j’aime votre sœur ; mais le cœur humain, bizarre, inconséquent, tel qu’il l’est, peut renfermer et cette tendresse, et celle que j’éprouve pour vous. Je n’ai rien à dire de moi qui puisse s’écrire ; tout ce qu’il faut expliquer me condamne. Néan-