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CORINNE OU L’ITALIE.

liette prenait une leçon de musique. Elle tenait une harpe en forme de lyre, proportionnée à sa taille, de la même manière que Corinne ; et ses petits bras et ses jolis regards l’imitaient parfaitement. On croyait voir la miniature d’un beau tableau, avec la grâce de l’enfance de plus, qui mêle à tout un charme innocent. Oswald, à ce spectacle, fut tellement ému, qu’il ne pouvait prononcer un mot, et s’assit en tremblant. Juliette alors exécuta sur sa harpe un air écossais, que Corinne avait fait entendre à lord Nelvil à Tivoli, en présence d’un tableau d’Ossian. Pendant qu’Oswald en l’écoutant respirait à peine, Lucile s’avança derrière lui sans qu’il l’aperçût. Quand Juliette eut fini, son père la prit sur ses genoux, et lui dit : — La dame qui demeure sur le bord de l’Arno vous a donc appris à jouer ainsi ? — Oui, répondit Juliette ; mais il lui en a bien coûté pour le faire. Elle s’est trouvée mal souvent lorsqu’elle m’enseignait. Je l’ai priée plusieurs fois de cesser, mais elle n’a pas voulu ; et seulement elle m’a fait promettre de vous répéter cet air tous les ans, un certain jour, le dix-sept de novembre, je crois. — Ah, mon Dieu ! s’écria lord Nelvil ; — et il embrassa sa fille en versant beaucoup de larmes.

Lucile alors se montra, et prenant Juliette