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PREMIÈRE PARTIE.

soi-même, la désobéissance à des parents qui n’ont vécu que pour nous, le chagrin, souvent mortel, dans lequel on les plonge, la fortune perdue, l’avenir empoisonné, ne, suffisent-ils pas pour que l’ivresse de cette folle passion ne devienne une source inépuisable de maux et d’erreurs ? A-t-elle tout bravé ? est-elle satisfaite ? quels troubles ne porte pas dans l’âme la satiété qui en est si souvent la suite, ce voile qui tombe, et qui nous laisse voir mille oppositions de goûts, de pensées, d’opinions, que nos yeux fascinés ne pouvaient apercevoir ; que dis-je ? qui n’existaient pas, le besoin de se plaire mutuellement ayant, en quelque sorte, laissé en arrière tout ce qui n’était pas un motif d’accord et de bonheur ! Enfin, heureux ou malheureux, lorsque après ce long rêve on se réveille, et que l’on trouve son sort fixé, sa liberté perdue, son temps, sa vie dilapidés, que n’éprouve-t-on pas de regrets et de chagrins ? et cependant, ce sont les moindres douleurs qui suivent l’excès et les égarements de l’amour, et je pourrais faire ici des autres un tableau si affligeant, que le plus doux des sentiments en