Page:De l'État des nègres relativement à la prospérité des colonies françaises et de leur métropole Discours aux représentants de la nation, 1789.djvu/16

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
(10)

Vous concevez encore à quel degré de pauvreté ſe trouveroit réduit le Royaume en dix années, s’il ſortoit de ſon ſein une maſſe auſſi énorme de numéraire.

Mais, Messieurs, je vous prie de conſidérer avec attention le tableau des misères qui attendroient la France, ſi à cette perte énorme d’un numéraire de ſix cent millions, qu’elle éprouveroit en dix années, ſe joignoit celle d’une importation de plus de cent quarante millions que lui doit l’Étranger toutes les années, en retour des denrées de l’Amérique que les Français lui vendent, & dont s’accroîtroit néceſſairement cette Puiſſance ennemie de la France.

Calculez, Messieurs, les maux que feroit en dix années au Royaume la perte de près de deux milliards.

Calculez d’un autre côté tout le danger des entrepriſes que pourroit former à ſon gré contre la France une Puiſſance qui s’accroîtroit d’un numéraire & de moyens auſſi conſidérables ; & Vous frémirez, ſans doute, des conſéquences des plans d’une ſociété qui n’eſt que l’émanation criminelle, j’oſe le dire, d’une corporation établie à Londres, protégée, guidée, ſoldée par le Cabinet de Londres, dans l’intention cachée de perdre & d’anéantir le Royaume.

Et qui peut nous aſſurer, Messieurs, dans ces temps de troubles & de malheurs ; qui peut nous