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vous trouverez in extenso dans sa déposition devant la Commission d’enquête sur la métallurgie, le doublement des régiments actifs par des régiments de réserve ; les deux régiments formant ensemble ce qu’il appelait, d’un vieux nom révolutionnaire, une demi-brigade. La demi-brigade atteignait ainsi l’effectif d’une brigade, la brigade celui d’une division, la division celui d’un corps d’armée. Le général Michel obtenait de cette manière des corps d’armée de 75.000 hommes, au lieu de 45.000, c’est-à-dire une armée infiniment plus considérable pour le premier choc que celle que nous avons eue en 1914.

Ces idées, qui mettaient les réservistes sur le même pied que les soldats de l’active, ne pouvaient pas plaire évidemment aux élèves du capitaine Gilbert. Aussi firent-ils le nécessaire pour démolir le général Michel. A la suite d’une campagne menée en 1911, dans le Matin, dans laquelle on démontra que le généralissime n’avait plus la confiance de ses collègues, le général Michel fut débarqué.

Le ministre de la Guerre lui demanda sa démission. Le général Michel la lui refusa, mais le ministre supprima son emploi de « vice-président du Conseil supérieur de la guerre ». Après quoi, il choisit comme « chef d’état-major général » l’illustre Joffre, lui adjoignant comme sous-chef le non moins illustre de Castelnau.

Derrière Joffre, paravent commode, inerte et insensible, — « un tube digestif dans une absence de système nerveux », comme l’a défini Victor Margueritte — Castelnau, chef véritable, put faire entrer dans l’Etat-major, aux postes importants de l’armée, tous ses amis, toute la jésuitière bottée. Le général Dubail, qui paraissait trop républicain, vit son poste