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supprimé. De même le général Régnault. Il n’y eut plus à la tête de l’armée que le général Joffre et ses deux aides, le général de Castelnau et le général Legrand, créature des deux premiers. Ce sont ces trois hommes qui, pendant les deux ministères Poincaré et Barthou, de 1911 à 1913, ont recruté pour les hauts emplois tous leurs amis.

Inutile d’ajouter que si ces gens sont condamnables, ce n’est pas parce qu’ils sont réactionnaires. Il serait de peu d’importance que les chefs militaires eussent été réactionnaires s’ils avaient connu leur métier. Ce n’est pas parce que « calotins » qu’ils sont condamnables, mais parce qu’incapables. Etaient-ils incapables parce que réactionnaires ? Ceci, c’est fort possible, puisque, comme réactionnaires, ils devaient être hostiles à l’armement du peuple, à l’armement des réserves. Tout se tient. Il est évident qu’il est difficile à un réactionnaire d’avoir des idées intelligentes. Mais, encore une fois, ce n’est pas en raison de leurs opinions politiques, c’est en raison de leur incapacité qu’il faut les condamner.

Vous trouverez d’ailleurs des indications tout à fait intéressantes sur l’état d’esprit des officiers brevetés, des officiers d’état-major dans le livre de M. de Pierrefeu, G. Q. G., secteur I. M. de Pierrefeu était, avant la guerre, rédacteur en chef de L’Opinion. Il n’est donc rien moins que révolutionnaire. Blessé au début de la guerre, il a été envoyé au Grand Quartier Général, et c’est là que, depuis 1915 jusqu’à l’armistice, il a rédigé le communiqué. M. de Pierrefeu, ayant vécu dans l’intimité des officiers du Grand Quartier pendant trois ans, a été à même de les juger et de nous faire connaître la psychologie des hommes dont nous allons maintenant examiner les actes.